En mai, une journée est consacrée à l’hygiène menstruelle. C’est le 28 mai, consacré Journée Mondiale de l’Hygiène Menstruelle depuis 2014. Et quand on parle d’hygiène menstruelle, j’entends hygiène du corps et de l’esprit – voire du mental.
Vous avez dit impure ?
Ce matin, une publication a particulièrement attiré mon attention sur Facebook. J’ai eu envie de lire parce qu’une amie l’avait partagé avec en légende des emojis avec des cœurs dans les yeux.
Ce que j’ai lu m’a donné envie de réfléchir sur la perception des règles dans la religion Musulmane – puisque c’est de l’islam qu’il était question dans la publication.
Voilà l’extrait qui nous intéresse : [ « C’est un mal. Eloignez-vous donc des femmes [pour des rapports intimes] pendant les menstrues, et ne les approchez que quand elles sont pures. Quand elles se sont purifiées, alors cohabitez avec elles suivant les prescriptions d’Allāh car Allah aime ceux qui se repentent, et Il aime ceux qui se purifient » – Coran, Sourate Al Baqarah 02, Ayah 222.
En état de menstrues, il n’est pas permis à la femme musulmane de toucher au Coran, de faire la prière, de jeûner, d’avoir des rapports sexuels… La femme et la jeune fille musulmane doivent alors connaître et maîtriser tout au sujet des menstrues afin de mieux s’organiser dans ses pratiques religieuses, intimes, mais aussi de mieux prendre soins d’elle-même. ]
Avant de tirer mes conclusions sur la question, j’ai posé la question suivante…
Quelle est la sentence d’une femme qui touche le Coran et fait ses prières pendant ses règles ?
J’ai eu droit comme dans tout débat qui touche la religion – à deux types de réponse. D’un côté, le sempiternel « c’est un dogme, ça ne se discute pas. C’est comme ça et c’est tout ! ». Et de l’autre côté, une réponse qui pour moi, est beaucoup plus intéressante :
[Je ne connais pas de sentence concernant le fait qu’une femme touche le Coran pendant la période menstruelle.
Mais les textes (Hadiths) disent qu’elle ne le touche pas! Mais elle peut le réciter, lire….
Pour la prière ainsi que le jeûne, la femme peut faire toutes sortes de prière et invocations simplement qu’elle n’accomplit pas les 5 prières canoniques( Salat) pendant les règles !
À cela aussi, il y’a pas de sentance si elle le fait ! Mais à la différence du jeûne(Ramadan) dont les jours manqués doivent être remboursés, les prières manquées ne sont pas du tout remboursées!
Exemple : une femme qui apprend à lire le Coran dans une école ou avec un maître! Il lui est accordé de le toucher même étant en état de menstrue juste le temps d’apprentissage.
Avec le développement de la technologie et des smartphones, les savants (Jurisprudence ) recommandent d’utiliser la version numérique du Coran dans le téléphone pour ne pas toucher au maximum la version physique !
NB : Tout le monde y compris la femme en état de menstruation peut toucher la version traduite du Coran ( soit Fr/ Arabe ou Ang/ Arabe….).
Mon esprit rebelle a encore à redire, mais je ne crache pas sur l’effort qui est fait ici, pour permettre aux femmes et filles réglées de par se couper de la pratique de leur foi à cause d’un fait naturel. Que le même Dieu, dans sa grande sagesse a voulu.
Ce que je pense de tout ceci…
Comme plusieurs, je pense qu’au moment où les hommes créaient les religions, ils vivaient dans des contextes culturels précis avec des habitudes et mode de vie intégré.e.s. Je pense que les guides religieux de l’époque ne comprenaient pas le cycle menstruel et ses implications. Et peut-être qu’il n’y avait pas encore de matériel de gestion des menstrues. Les femmes et les filles devaient s’isoler pour ne pas avoir du sang des règles partout où elles passaient. Question d’hygiène et de confort peut-être.
Mais voilà, à notre époque, on a du matériel à disposition. Même si ce n’est pas à la portée de toutes. Je pense qu’on ne doit pas empêcher une femme ou une fille qui le souhaite, de participer à la vie de sa communauté et aux rites religieux pendant ses règles.
La précarité menstruelle, ce n’est pas seulement le fait de ne pas pouvoir s’offrir le matériel de gestion des menstrues. Ça va bien au-delà.
Qu’est-ce qui est prévu pour une fille ou une femme qui a un cycle de 21 jours avec 7 jours d’écoulement de sang ? Pendant 7 jours, tous les 21 jours, elle est impure et doit mettre sa foi entre parenthèses ?
En plus, nous n’avons pas toutes envie que tout le monde sache que nous avons nos règles. Isoler ces filles et femmes, c’est violer en quelque sorte leur intimité. Parce que oui, isolée une femme/fille réglée revient à lui mettre un écriteau au front avec en lettres capitales : CELLE-CI A SES RÈGLES. C’est quoi le projet ?
Et ce que je trouve plus incompréhensible, c’est que ceux qui parlent d’impureté et de confinement des femmes et filles pendant les règles sont contre les congés menstruels. Qu’on m’explique la logique.
Pour ce que ça vaut, il n’y a pas qu’en Islam. Il me semble que dans l’église Christianisme céleste, c’est pareil.
Quel est donc ce Dieu qui a créé les femmes avec une impureté? La question reste posée.