La plupart du temps, quand on met les mots argent et sexe dans une même phrase, on fait systématiquement référence au travail du sexe – à raison ou à tort ? Je ne sais pas. Et puis, j’ai été au festival de l’utopie, à Nairobi et pendant 72 heures, j’ai réfléchi à la question…
VOUS AVEZ DIT ARGENT ?
L’argent, money, shiling, cfa… Quand j’entends argent, je pense à la monnaie, aux devises, aux billets de banque, à mon compte bancaire – bref ! Mais au-delà de tout ça, l’argent, pour moi, renvoie au pouvoir d’achat. A ce que l’argent me permet d’acquérir, de faire ou mieux encore, ce que l’argent me permet de ne pas faire, de ne pas subir.
Peu importe si c’est le résultat de mon travail, un cadeau de mon amoureux ou un don de quelqu’un.e qui veut me faire plaisir ou tout autres sources légales et non illicite – comprenons-nous bien ; cet argent me donne un certain pouvoir, une certaine liberté. Tout simplement parce que nous sommes dans un système capitaliste dans lequel le pouvoir d’achat, comme le dit le mot est un pouvoir indéniable.
ET LE SEXE ALORS ?
Le sexe ! Excusez-moi, mais pour le coup, on ne va pas entrer dans le dictionnaire. Même si je vous invite à y faire un tour pour comprendre la nuance entre sexe, sexualité et acte sexuel.
Ce qui est certain, c’est qu’ici, le terme « sexe » renvoie à tout ce qui est cité plus haut. C’est-à-dire, au trio « sexe – sexualité – acte sexuel ». A cela, je veux ajouter désir, plaisir, contrôle. Parce que pour moi, ce sont les pilliers d’une sexualité ou une vie sexuelle épanouie.
Le désir de soi, le désir de l’autre / des autres. La libido, le désir, la faim sexuelle. Dans le désir, je mets le consentement. Parce qu’il n’y a pas d’envie sans accord ni d’accord sans envie.
Pour ce qui est du plaisir, je ne sais pas pour les hommes ; mais nous les femmes, possédons un organe dont la seule et unique fonction est de nous procurer du plaisir. Donc quand on fait, c’est pour jouir d’abord. Le reste vient après.
On en vient maintenant au contrôle. Avoir le contrôle c’est avoir la capacité et la liberté de prendre les décisions concernant sa sexualité. C’est être propriétaire de son corps, maitresse de son désir. Il s’agit de penser à soi en premier, écouter son corps, ses émotions, son vagin…
ALORS FAISONS LA SOMME ARGENT + SEXE…
Prostitution, gérer bizi, kpôklé, travailleuse de sexe – autant de terminologies qu’on brandit dès lors qu’il est question d’argent et de sexe.
D’ailleurs, le travail du sexe, comme tout autre domaine d’activité est récompensé par un salaire – matérialisé par l’argent. Le problème c’est que, la conscience collective a réussi à intégrer que cette transaction est dévalorisante pour les femmes. En quoi? On ne sait pas !
Je n’entrerai pas dans le débat des hommes qui sont sûrs d’avoir toutes les femmes à leurs pieds grâce à leur portefeuille et qui crient au scandale dès qu’une femme met l’argent entre leur kiki et son vagin. Bref, l’argent est bon pour le sexe !
Comme on a besoin d’argent pour s’assurer une bonne éducation, pour se payer des voyages au bout du monde ou encore s’offrir les meilleurs soins de santé, on a également besoin d’argent pour une sexualité épanouie.
Qu’on soit une travailleuse du sexe, qu’on soit de la team « le pointeur doit payer cash » ou encore du « club des gentilles » pour citer mon amie Olivia (lol) – l’argent fait du bien à la vulve.
Pendant le Festival de l’Utopie, l’une des panélistes a dit :
« une femme qui n’a pas de problème d’argent peut penser au plaisir sexuel ».
Son propos m’a particulièrement touchée dans la mesure où, dans ce monde capitaliste, pour beaucoup de femmes, s’il faut choisir entre son estomac et son clitoris, le choix est vite fait.
L’appareil sexuel fait partie de mon corps que je dois entretenir. Pour ma santé sexuelle, j’ai besoin d’argent ne serait-ce que pour la consultation gynécologique annuelle conseillée et le matériel de gestion de menstrues ou encore pour les préservatifs et la contraception par exemple voire les soins d’avortement sécurisé.
Et pour le plaisir, ah ! Il faut aussi ouvrir le portefeuille les amies. Les gadgets et autres jouets sexuels ne se distribuent pas gratuitement. A Abidjan, un dicton dit :
« c’est la personne qui paye qui jouit »
– que chacune médite sur cette sagesse et me partage sa compréhension en commentaire.
Je ne sais pas si l’argent fait le bonheur, mais je sais que ça peut faire jouir…
ET SI, ARGENT + SEXE = POUVOIR…