Préservatifs, pilules, hygiène intime, à qui revient la responsabilité de nous garder en sécurité et en bonne santé dans notre vie sexuelle ? Voilà une question qui mérite d’être débattue. Non pas pour chercher à avoir raison ou pour accabler, mais pour trouver des réponses réalistes.
Ce qu’on m’a inculqué…
Que ce soit à travers les médias, au quartier ou à l’école, ce qu’on transmet aux filles c’est la supériorité du sexe masculin sur le féminin. La relation femme/homme est un rapport de force dans lequel l’homme choisit, établit les règles, a le contrôle et la femme, de son côté doit s’estimer heureuse d’être l’élue. Elle doit être d’accord, se plier, céder, se laisser contrôler.
« Une femme ne drague pas » – c’est mal vu. On dira d’elle qu’elle est une fille facile. « Une femme ne se refuse pas à son homme » – sinon, il ira voir ailleurs. « Tant qu’il veut, où et comment, tu dois le satisfaire » – l’homme c’est le ventre et le bas-ventre. Et la femme dans tout ça ? Ses envies, ses fantasmes, ses plaisirs?
Allô? Est-ce que ça compte ? Les gens s’en foutent ! Tout ce qu’on attend des femmes c’est qu’elles soient attirantes, sexy, toujours disponibles et gémissent fort pour l’égo du mal qui les pénètre – souvent sans le regarder, sans avoir leur consentement. Et pour la procréation, si l’homme le veut, tu seras maman, sinon, bonjour le fameux « mais comment tu as fait ? Je ne suis pas prêt. » – fin de la discussion, bonjour les ennuis et le périple de l’avortement clandestin.
Consentement et plaisir : une combinaison gagnante…
Au détour d’une conversation, enfin, un procès des femmes qui « ne font aucun effort pendant l’acte sexuel », j’ai posé une petite question à mon interlocuteur : » Est-ce que tu es sûr qu’elle est consentante ? ». Il a fait mine de ne pas comprendre le sens de ma question. Peut-être parce que, comme la plupart des gens, il s’est toujours dit qu’une femme qui accepte d’être dans une quelconque forme de relation affective avec lui est d’office d’accord pour avoir des rapports sexuels chaque fois que la kékette bande. Ou encore, si tu es dans une chambre avec une personne possédant un pénis, tu es déjà d’accord…
Bref, si elle ne participe pas à l’acte c’est parce qu’elle n’a pas envie – donc elle n’est pas consentante.
Autre hypothèse, elle peut avoir envie de toi mais pas comme ça. Pas sur ce lit douteux, sans lubrifiant, sans préservatif ou sans sextoys, par exemple.
Peut-être qu’elle a envie de toi, mais qu’elle est allergique au latex, ou que la marque de préservatif que tu utilise ne lui convient pas. Ou qu’elle ne se sent ni en sécurité, ni en contrôle.
Quand elle avait envie, est-ce que tu as répondu présent ? Pourquoi c’est toujours toi qui décide de où, quand, comment le faire? Sa libido, ça compte pour du beurre ?
Une dame qui me racontait ses ennuis m’a dit : « mais madame, un homme qui refuse de mettre un préservatif est prêt à être père » – hum! J’étais au regret de le répondre NON. Un homme qui refuse le préservatif veut juste éjaculer librement dans un vagin.
Alors comment prendre le contrôle ?
Je commence par le qui? Alors qui doit avoir le contrôle ? Le contrôle de notre corps, de notre vagin, de notre agenda d’activités sexuelles noues revient ! C’est la personne qui porte le vagin qui décide quoi en faire, avec qui, comment, où, quand et pourquoi ? (Parce que votre théorie de baise par amour, je ne suis pas dedans. Pour l’amour, pour le sexe, pour les sous – ça dépend. Merci.)
Voilà mesdames, on sait que nous avons le droit d’avoir le contrôle de notre corps de notre agenda d’activités sexuelles. Mais pourquoi nouEs du coup ? Parce que nous sommes de grandes filles!
Parce qu’on est mieux servi que par soi. Parce que personne d’autre que noues-mêmes ne peut mieux prendre soin de nouEs et nouEs faire profiter de chaque bouts de plaisirs que notre corps a à noues offrir.
Parce que noues sommes suffisamment responsables pour savoir ce qui bien pour noues et que, même si on se trompe, ce sera pas plus mal.
On en vient maintenant au comment prendre le contrôle ? Comme toujours, je ne donne pas de conseils ni de notice, je vous partage ce que je fais.
Pour éviter les mauvaises surprises ou le piège du « zut! Je n’ai plus de préservatifs. » Ou encore le coït interrompu qu’il n’interrompt jamais à temps, j’achète moi-même mes préservatifs. Je choisis la/les marque/s que j’aime. Avec ou sans latex, le parfum, la technologie, etc. Mais il ne suffit pas d’en acheter, il faut en avoir à porté de main. J’ai une boîte que je ne laisse jamais se vider à la maison, toujours 2 préservatifs dans mon portefeuille et dans mon sac à main. Quand je voyage, j’en prends également.
Même si je mouille sans difficultés quand je bande, j’ai toujours du lubrifiant en réserve – pour le sexe anal et au cas ou j’ai besoin d’aide pour démarrer.
Et pour ce qui est des autres types de contraceptifs, c’est moi qui décide. Même si je suis devant un/e professionnel/le de santé, je n’avale pas tout ce qu’on me dit. Je pose des questions, je dis non si j’ai un doute, je prends le temps de lire et de comprendre la notice (si c’est une pilule d’urgence). Je me réfère également à des amies ou connaissances sage-femme pour avoir d’autres avis.
Pour moi, le contrôle ce n’est pas se priver de, c’est s’approprier son corps, apprendre chaque jour à se connaître et faire les choix dans son propre intérêt.
C’est aussi apprendre à se faire plaisir avec ou sans pénis, avec ou sans sextoys, avec ou sans pénétration. Le sexe, le plaisir sexuel c’est tellement plus qu’un kiki dans un vagin…
Pour ce qui est de l’hygiène intime, faites bien la part des choses entre soin de vulve et les décoctions qui traumatisent la vulve et la flore vaginale. Il n’est pas non plus question de me toucher la vulve et le vagin si on n’a pas les mains propres. Perso, un mec qui transpire le dur labeur, ça ne excite pas. La vulve est très sensible… J’en ai finie!
