Ma vie de minou

Déshabille-toi, mais interdiction de te mettre nue – femme !

Tout le monde peut dénuder la femme, le cinéma, les publicités, l’industrie du sport, les traditions, les employeurs, les harceleurs, les violeurs, les pères, les époux, les amants, les magazines pour hommes, les concours de beauté (…) – tout le monde peut exhiber le corps de la femme, tout le monde peut sexualiser le corps d’une femme. Tout le monde, sauf la femme. Tout le monde à des droits sur mon corps, sauf moi-même…

A qui appartient mon corps de femme ?

Ce n’est pas un scoop, et j’en ai pleinement conscience, mon corps peut faire bander. Comme tous les corps d’ailleurs ! Une personne normalement constituée a un ressenti devant un corps – le sien, ou celui des autres. Couvert ou dénudé, le corps de la femme suscite des réactions. Quand il est couvert, on veut le découvrir. Quand il est découvert, on veut le toucher. Quand il est suggéré, on le devine.

Pour le plaisir du tout puissant mâle…

Le problème, en soi, ce n’est pas ce qui est fait du corps de la femme. Le problème, c’est qui en a l’initiative ? Qui décide que la femme se couvre ou se découvre ? Qui décide que la femme joue de son charme ou de ses attributs sexuels ? Est-ce le tout puissant homme ou la femme elle-même – celle à qui appartient le corps en question ? Celle qui en a la responsabilité et qui le connaît mieux que quiconque.

Oh pardon ! Je délire là ! Je prends trop mes aises. Qui m’a dit que mon corps m’appartient et que j’en ai la responsabilité ? Oh que non ! Le corps de la femme ne lui appartient pas. Il appartient à la société dans laquelle elle naît. Dans plusieurs cultures africaines, et particulièrement en Côte d’Ivoire, les attributs physiques de la femme sont étalés comme de la viande fraîche. Seins à l’air – pour montrer que leurs mamelles n’ont encore servi à rien (pas encore d’activité sexuelle ou d’enfants que ces seins auraient nourris). Chez de nombreux peuples en Côte d’Ivoire – montrer des poitrines nues de jeunes femmes, fait partie des us.

Lors de cérémonies d’envergure, des jeunes filles aux seins nus et dont seul le pubis est caché avec un morceau de tissu servent d’hôtesses d’accueil à l’illustre invité ou à l’autorité qui gratifie de sa présence. Chez les Lobi, par exemple, il y a une danse très célèbre, qui consiste à faire bouger la poitrine de façon saccadée. Au sud, chez certains Akans, il y a la cérémonie de l’Ablakon. Ce rite consiste à « célébrer » les filles pubères en montrant à tout le peuple leurs attributs féminins.  Elles défilent, quasi-nues, le corps enduit de beurre de karité. Seins nus, fesses à l’air avec pour seul vêtement, un morceau de tissu rouge qui cache le pubis et la raie des fesses.

ÇA C’EST BEAU ! C’EST LA BEAUTE DE NOTRE TRADITION. VIVE LA CULTURE !

Je me demande bien si on a déjà demandé à une de ces jeunes filles si elle veut ou non, participer à cette parade nudiste ? C’est la coutume, elle doit s’y soumettre et puis c’est tout. Si elle ne le fait pas, elle viole la tradition. Pareil pour les concours de beauté et les magazines de mode ou les magazines érotiques. En fait, tant que c’est pour le plaisir des hommes, ça roule, on a le droit de se mettre à poils !

Tant que les phallus décident, c’est bon…

Vive la culture ivoirienne, pudique !

« Est-ce que ce monde est sérieux ? » – questionne Francis Cabrel dans sa chanson. Très honnêtement, quelle est la différence, entre :

  1. une femme, en maillot de bain sur un ring de boxe, avec une pancarte dans les mains, qui part d’un coin à l’autre du ring, devant des milliers de spectateurs et des millions de téléspectateurs ;
  2. et une femme, en mini-jupe qui part d’un point de son quartier à un autre ?

La différence est que, dans la première situation, c’est mignon. C’est beau de se rincer l’œil pendant que les boxeurs font une pause avant de reprendre le combat. Il n’y a pas à se plaindre, parce que c’est l’industrie de la boxe qui a décidé que, il fallait deux paires de seins et de fesses, un ventre plat et sourire aguicheur pour marquer le début des hostilités dans un combat de boxe. Quoi de mieux que le corps plantureux d’une femme pour pimenter ce sport de combat ? Les phallus ont décidé, les vagins doivent se plier.

Dans le second cas, c’est une impudique. Une allumeuse qui devrait avoir honte de montrer son corps ! Elle découvre tout ce qu’elle est censée couvrir et conserver. Elle sexualise son corps, qu’elle ne se plaigne pas, si on la siffle dans la rue. Si on la harcèle, la viole, qu’elle ne s’en plaigne pas ! « Une femme, ça se couvre » – disent les mêmes abonnés aux combats de boxe, et les gardiens de notre chère tradition voyeuse.

Le problème des gens, ce n’est pas tant de voir des parties ou le corps tout entier de la femme. Ce qui fait jaser, c’est que, ce soit la femme qui décide de se couvrir moins, de montrer des parties de son corps, de se mettre toute nue. Tant que c’est la femme elle-même, qui se prévaut du droit « d’étaler » sa chair fraîche, tollé mondial ! Pire, quand elle a le culot de dire qu’elle ne se découvre pas pour le plaisir des yeux masculins. Ô scandale ! Comment ose-t-elle ?

Non seulement, en tant que femmes, nous avons le droit de nous vêtir comme il nous plaît. Mais encore, nous sommes libres de nous dénuder pour nous-mêmes, pour notre plaisir. Nos corps sont bandants certes, mais ce n’est pas à nous de porter la responsabilité de votre libido.

Quelles solutions pour se foutre mutuellement la paix ?

La paix, c’est avant tout la tranquillité de l’âme et de l’esprit. L’agitation des gens qui ne peuvent pas se contenir devant une paire de cuisses, de seins et de fesses suggérés, met à mal la tranquillité de l’âme des femmes qui mettent des mini-jupes – il faut le préciser, sans la validation des hommes. S’il est vrai qu’une femme X n’en a rien à foutre, il faut reconnaître qu’une autre femme Z peut s’en trouver perturbée, voire être sous le choc – que sa tenue vestimentaire et ses choix de style soient sujets de débats « pudiques ».

Voici des propositions de solutions pour qu’on se foute la paix aux unes et aux autres :

  1. Intégrer une bonne fois pour toutes, que les femmes sont libres

« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en droit et en dignité » – Conf. Déclaration universelle des droits de l’homme. Dans libre, il y a tout ! Y compris la liberté de se vêtir comme on veut. Ah ! Au cas où ça échappe, la femme est un être humain. De ce fait, elle jouit de cette liberté.

Dans liberté, il y a l’idée qu’elle n’a pas besoin d’attendre la validation des hommes pour ses choix de styles vestimentaires.

  1. Respecter le droit des femmes à disposer de leurs corps

Prenez le corps de la femme comme le territoire d’un Etat. S’il perd le droit sur son territoire, l’Etat perd sa souveraineté. C’est pour cela que, tous les Etats sérieux, sont jaloux de leurs territoires et les protègent quoi qu’il en coûte.

De même le corps de la femme est son territoire. Il lui appartient et elle en fait ce qu’elle veut. Si elle juge bon de le couvrir ou de le découvrir, c’est à elle de voir ! Tout comme un Etat souverain, la femme n’a pas besoin d’ingérence extérieure pour assumer son corps. Enfin, au besoin, elle le fera savoir.

  1. Maîtriser votre libido

Il n’est pas interdit d’avoir des envies sexuelles devant le corps d’une femme. Tout comme il n’est pas interdit de rêver d’être au volant d’une grosse cylindrée quand on passe chez un concessionnaire. Dans le cas d’une voiture qu’on rêve d’acquérir, on cherche à savoir si elle est en vente ou pas, avant toute prétention d’achat. Si vous croyez qu’une femme en mini-jupe ou nue, vous envoie des signaux, posez-lui la question pour confirmer ou infirmer votre idée, avant toute prétention.

Après, vous pouvez soit vous contenir. Il existe plusieurs moyens pour contenir la libido. Par exemple, il est conseillé de s’exposer moins à la pornographie. Inconsciemment, elle encrerait dans l’esprit mâle que, une femme en décolleté est forcément une invitation à la posséder. Après, il y a le sport et des activités communautaires qui pourraient aider à occuper l’esprit et dépenser de l’énergie. Si ça fonctionne, je ne sais pas !

  1. Fuyez l’impudicité

C’est le plus simple. Fuyez les occasions de péché. Si vous voyez une personne que vous jugez impudique, fuyez loin d’elle pour ne pas qu’elle vous contamine. FU-YEZ !

bref – R.A.S

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