Avec les minous

L’avortement – et si on en parle autrement ?

L’avortement, un sujet qui suscite passion, mépris, haine, dégoût et pas toujours de la retenue. Parce qu’on ne peut évoquer le sujet hors des sillons de notre conscience, de la morale ou de la religion. C’est noble ! Ce que je pense c’est que, comme tous les actes qu’on juge immoraux, tant qu’on n’est pas directement concerné, on ne saurait comprendre.

La vie est un choix – c’est ce que dit un dicton dont je ne connais pas vraiment l’origine. On a toujours le choix face à une situation. On a surtout l’obligation de faire le bon choix et on peut toujours faire ce qui est bon. Ce qui est juste, ce qu’il faut.

Pour revenir au sujet je vais vous raconter mon expérience avec l’avortement.

L’avortement et moi – premier contact

Il s’agit bien de l’interruption volontaire de grossesse. Dans mon enfance j’entendais dans les conversations de grandes les expressions comme « elle a fait passer », « c’est tombé », « ne gardera pas », etc. Sans savoir exactement de quoi il était question, ça m’intriguait bien.  Plus tard, à l’adolescence, des camarades de classe en parlaient. Il y avait des indécises, celles qui avaient déjà franchi le pas, celles qui en étaient soulagées.

Tout était bien loin de moi jusqu’à ce que je m’inscrive à la catéchèse – à l’église catholique tout aspirant au baptême doit passer par là. En tant que jeune, l’église a jugé bon de nous instruire à la sexualité et à la reproduction. Mais surtout à un sujet qui concerne les jeunes novices en la matière : l’avortement. L’idée était de nous faire prendre conscience des dangers de la pratique.

J’ai vu dans les vidéos qu’on nous a fait visionner un fœtus qui tentait de toutes ses forces d’échapper à la machine qui devait l’extraire ou encore des fœtus – ceux-là c’était des bébés, carrément grillés et disposés comme des objets dont on se débarrasse. J’ai pleuré et j’ai fait la prière de ne jamais être confronté à une telle situation.

L’avortement, pour l’église est un péché très grave – c’est un meurtre mais ce n’est pas moins pardonnable qu’un mensonge.

N’ayant jamais contracté de grossesse, la question de l’avortement ne s’est jamais vraiment posée. Alors je me dis que je ne comprends pas ce qu’ont vécu celles qui ont été une fois – au moins, confrontées à cela. Qu’elles aient choisi de garder le bébé ou pas, j’imagine que la tâche n’a pas été aisée.

Si Dieu pardonne, je peux être moins sévère…

Il ne s’agit pas d’encourager mais de chercher plus loin les motivations et les causes pour tenter de résoudre le problème. Je suis contre l’idée qu’on qualifie une grossesse d’accidentelle. Celles qui assument en disant qu’elles n’en voulaient pas sont à traiter avec moins de sévérité surtout quand on n’a pas toutes les cartes de leur décisions en main.

Le cas extrême qu’on brandit en général est l’exemple d’une victime de viol. Doit-elle oui ou non garder le bébé qui grandit en elle ? Il est facile de prendre position et de dire qu’on peut malgré la douleur aimer l’enfant qui, au fond est innocent. Ou encore d’une future mère à qui le médecin annonce que son bébé aura une malformation ou une espèce de maladie qui le rendra dépendant toute sa vie. Là on est prompt à dire qu’on peut le garder, s’il vient ce n’est pas fortuit. On peut le garder et on le doit – il est innocent. J’en conviens ! Ce que je dis c’est qu’à elle, aussi bien qu’à celle dont la vie ou la vie de l’enfant est menacé et qui prend la décision d’interrompre sa grossesse, on a le devoir, en tant qu’humain et tout autant immoraux avec chacun notre côté sombre d’être un peu plus compréhensibles. Et éviter de dire quand on ne sait pas.

Je pense que le remord et les conséquences physiques comme psychologiques en feront assez pour que je vienne en rajouter. Surtout que, je serai jugée selon la mesure avec laquelle je juge les autres. Comme l’a si bien souligné ma sister écrivain  Assita Sidibé sous l’un de mes posts ce week-end « … l’image de l’embryon lui reviendra un jour ou l’autre ».

Une autre stratégie s’impose si on veut guérir le “le mal“

En décrivant l’avortement comme un péché qui nous éloigne de Dieu ça sauve le croyant mais pas celui qui ne croit ni au péché ni en un Dieu qui conduit toute chose. Encore que si on se confesse et qu’on demande pardon à Dieu, il sera clément.

L’avortement comme acte immoral, c’est bon pour ceux qui sont attachés à la morale. Mais pour ceux qui sont convaincus de n’avoir aucun compte à rendre à la société et qu’ils sont seuls maîtres de leur vie et de ce qui touche à leur être, ça ne le fait pas.

Je dis qu’il faut être plus pragmatique et réaliste sur la question de l’avortement. Nous sommes de plus en plus égoïstes au point qu’avant de penser au bébé qui va mourir ou du Dieu duquel on s’éloigne, on pense d’abord à soi. Donc il faut revenir à la personne qui fait le choix.

Les femmes qui pratiquent l’avortement le voient comme un moyen de se préserver d’une expérience maternelle qu’elles ne sont pas prêtes à assumer. C’est également une pratique médicale qui permet de garder le contrôle.

Alors suggestion, pour réduire le nombre d’avortement, il faut me parler de moi, de ce que j’encoure comme risque, des conséquences physiques et psychologiques avec lesquelles je passerai le reste de mes jours après une interruption volontaire de grossesse.

Une autre opinion : Le devoir de gbayer face au harcèlement sexuel

Ça marchera mieux parce que, honnêtement, combien sommes-nous à nous soucier d’un bébé à naître que de nous-même ?

Pour la route… 

  1. L’avortement est la perte d’un embryon ou d’un fœtus lors d’une grossesse. Peut être spontané ou provoqué.
  2. On parle d’avortement spontané (ou fausse-couche) quand l’expulsion de l’embryon/fœtus survient à moins de 22 semaines de grossesse et fœtus de moins de 500 grammes. Au-delà, on parlera plutôt de mort fœtale in utero.
  3. L’avortement provoqué (ou interruption volontaire de grossesse – IVG) se déclenche par prise de médicaments abortifs ou par aspiration du fœtus.
  4. L’avortement provoqué peut-être pratiqué pour raison médicales (anomalie, graves problèmes de santé, risque pour la mère ou pour l’enfant); dans ce cas il s’agit d’une interruption médicale de grossesse (IMG).        En savoir plus sur Avortement : qu’est-ce que c’est ?

1 commentaire

  1. c’est vraiment profond, je n’avais jamais envisagé l’avortement sous cet angle..
    Merci de relancer le débat

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