Ma vie de minou

Mon clitoris n’est pas un gros mot à censurer…

Je ne sais pas pour vous, mais je trouve violent de censurer des mots qui ne sont rien d’autre que des termes qui désignent des parties d’un corps humain. Comme s’il s’agissait de vulgaires injures, de jurons ou de termes violents. Bref! C’est quoi tout ça là ?

Le contexte…

En regardant mon passage sur le plateau d’une chaîne de télé ivoirienne, j’ai remarqué à de nombreuses reprises le bip de censure chaque fois que j’ai prononcé le mot CLITORIS.

Je suis bien consciente que ce n’est certainement pas de gaieté de cœur que la chaîne a censuré ce mot. Ça doit venir de l’organe de régulation de l’audiovisuel et si on pousse bien la réflexion, ça vient de notre système, de la culture populaire, des préjugés que le patriarcat engraisse.

Jusqu’ici, j’ai toujours cru qu’on ne bippait que des gros mots, injures et autres propos violents. Mais des noms de parties d’un corps humain ? C’est quand même limite !

J’ai ressenti chaque bip comme une tape sur ma bouche. La sensation n’est pas du tout plaisante, il faut le dire.

Entre le sacré et l’impur…

En lisant la définition du mot tabou, voilà ce qui est dit :

tabou

Nom masculin et adjectif

  1. Système d’interdictions religieuses appliquées à ce qui est considéré comme sacré ou impur.
  2. 2. Ce sur quoi on fait silence, par crainte, pudeur.

Pour celles qui croient en Dieu, lui le sacré, on dit son nom, on lui parle, on parle même en son nom. Alors je ne crois pas que mon clitoris soit tabou parce qu’on le considère sacré.

Mon clitoris serait-il impur? NON! Dieu le puissant et bienveillant aurait-il créé la femme en lui foutant un truc impur entre les jambes ?

Ou alors, c’est le plaisir sexuel qui serait impur? Parce que le clitoris est le seul organe dédié exclusivement au plaisir sexuel de la femme.

Quel message on envoie à la petite fille qui regarde la télé et qui se rend compte qu’on bippe un mot qui désigne une partie de son corps? Elle porterait sur elle une chose dont il faut taire le nom? Un interdit, une impureté, un gros mot, une injure?

Quel message on envoie à l’adolescente qui découvre les changement de son corps, sa sexualité et prend conscience de l’existence de ses organes génitaux et de leur fonctionnement ? Et oui, ça va beaucoup plus loin que « ça ne se dit pas à la télé ».

Au-delà du bip…

Ce n’est pas qu’à la télé, dans tous les espaces publics, il faut tourner 7 fois la langue avant de prononcer les mots vagin, clitoris, etc. Parce que c’est sûr que toutes les personnes autour auront des réactions qui dépassent l’entendement. Pourquoi?

Ce que je pense, c’est que ça n’a rien à voir avec la pudeur ou le sacré. Le fait est que les gens sont foncièrement dévergondés. Le truc c’est que, toi, sans aucune arrière pensée, tu dis « vagin » ou « clitoris », eux automatiquement ils s’imaginent en train de te lécher la chatte ou à te prendre dans n’importe quelle position sexuelle. C’est ça qui les dérange en vrai!

On en revient donc à invisibiliser le corps de la femme, pour éviter d’exciter le tout puissant homme qui n’est pas foutu de maîtriser sa kékette.

Nous ne le dirons jamais assez, ce n’est pas à la femme de se cacher ou de s’interdire de parler de son vagin ou de sa sexualité dans l’espace public, c’est aux autres de se maîtriser, c’est leur responsabilité.

Est-ce qu’on demande aux gens de couvrir leurs belles voitures pour ne pas donner envie aux autres de voler?

Mon vagin n’est pas un gros mot, faudra dealer avec! #minoulibre

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