Avec les minous

Accusée levez-vous ! Vous êtes coupable de “grossesse précoce“…

C’est comme ça, dans la tête de la masse, dans la société patriarcale dans laquelle nous vivons ; une adolescente enceinte ou mère est perçue comme une criminelle. Son crime, avoir cédé au chantage affectif, d’avoir été sexuellement abusée, d’avoir des parents irresponsables…

Quand on y réfléchit avec du recul, tout ce qu’on reproche à la jeune fille, c’est d’être une femme et rien d’autre. Accusée, levez-vous !

Le savoir c’est le pouvoir et le pouvoir c’est le contrôle…

Pendant les deux dernières semaines, j’ai posté sur mes comptes sociaux des publications sur le clitoris et les #grossesseprécoce.

Pendant mes recherches sur le clitoris, j’ai trouvé ceci :

« – 1 femme sur 5 ne sait pas où se trouve son clitoris.

– 35% des femmes n’ont jamais vu ou regardé leur clitoris.

– 1/4 des adolescentes de moins de 15 ans ne savent qu’elles ont un clitoris

– et 83% d’entre elles ne connaissent pas sa fonction érogène (qui provoque une excitation sexuelle). ».

Cette publication a suscité choc et étonnement. Un ami m’a même demandé comment “ces femmes ont fait pour ne pas savoir qu’elles ont un clitoris ?“

Pour répondre à la question, je vais essayer de vous faire un dessin.

Quand j’étais enfant, mes mamans et mes frères et sœurs aînés, m’apprenaient les noms des parties de mon corps. C’était très amusant et pédagogique. Le deal, on te touche le front, et tu dis « front », on te touche le doigt, tu dis « doigt ». Et le plus merveilleux dans ce manège, j’étais récompensée pour chaque bonne réponse. J’en faisais de même avec mes petits frères et petites sœurs.

Mais jamais, ô grand jamais on ne posait la question « et ici c’est quoi ? » pour que je réponde « pubis, vagin ou encore clitoris ».

« C » comme clitoris!

Comment ces filles font pour ne pas savoir qu’elles ont un clitoris ? Tout simplement parce que leurs parents et éducateurs ne leur ont jamais dit qu’elles en avaient un.

(je ne parle pas des filles d’Abidjan et autres capitales. On allonge un peu le bout du nez jusqu’aux zones rurales et autres campements) – merci!

Alors, le problème qui se pose c’est que nos jeunes filles méconnaissent leur corps. L’appareil génital, les menstruations, cette affaire d’ovulation, de procréation et tout ce qui s’en suit. Il y en a qui ne savent pas que les risques de grossesse sont élevés la première fois qu’on couche. Savoir par exemple qu’on peut être sexuellement excitée quand on nous touche les seins. Ou que, désir sexuel et sentiment amoureux sont différents.

J’estime donc qu’une fille qui ne connaît pas son corps ne saurait avoir le contrôle de celui-ci.

Même la mère de Jésus a eu besoin du Saint Esprit…

Si vous voulez savoir combien de filles contractent une grossesse à l’âge de l’adolescence, deviennent mères ou meurent en couche, prière vous référer à des organisations telles que Engederhealth. Moi, ces chiffres me mettent en rogne !

Pour revenir à nos grossesses précoces, j’ai l’impression que, dans la tête des gens, une adolescente se lève un matin, choisit un pénis, se le fourre dans le vagin et le laisse lui vomir toute sa semence. Ou alors, elle se sert un verre de spermatozoïdes et le boit cul-sec. Ah, autre schéma, elle pense très fort à un bébé et celui-ci atterrit dans son utérus.

Et là c’est : Maman: JE SUIS ENCEINTE!!!

A votre santé!

Allô ! Réveillez-vous ! ce n’est pas comme ça que ça se passe. Dans le meilleur des cas, deux adolescents s’attirent, pensent être amoureux et se disent que la seule façon de prouver qu’ils tiennent l’un à l’autre, c’est de faire l’amour. Sans capote.

Deuxième cas de figure, « si tu m’aimes, fais-le. Sinon tu me perds… De toute façon, on va se marier, je t’aime. ». Ça s’appelle chantage affectif. Et avant de prendre votre air intéressant, ce n’est pas parce qu’on est faible ou stupide qu’on se laisse prendre à la danse de l’amour.

Troisième cas de figure, « c’est ta parole contre la mienne. Personne ne te croira. D’ailleurs, si tu parles… ». Hum ! Abus sexuel. Parfois c’est l’enseignant, l’oncle, le beau-père ou le père, le cousin ou un tonton du quartier. Et ça, combien d’entre nous tiennent compte de cette triste réalité ?

Quatrième cas de figure, « tu es grande maintenant ma fille débrouille-toi ». C’est le pire des scénarios pour moi. Dans plusieurs familles, des filles encore enfants doivent se débrouiller seules pour s’éduquer. Pour avoir l’attention de leur parent. Où elles vont, ce qu’elles font, ce dont elles rêvent… c’est leur problème ! Les parents ont mieux à faire. Jeune fille, débrouille-toi !

Et la sentence est mortelle…

Dans cette vie de débrouillardise, on s’embrouille pas mal et quand causes et conséquences s’entremêlent, c’est encore celle qui en bave déjà d’endosser toute la responsabilité de la grossesse qu’elle porte.

La première conséquence ici c’est que la jeune fille qui se rend compte qu’elle est enceinte et désormais seule a recours à l’avortement clandestin. (nous y reviendrons dans quelques semaines). Là, il y a trois cas : soit le bébé meurt, soit c’est elle qui meurt ou alors l’opération « virer le petit » échoue.

En général les filles sont exclues de leur famille, puis de l’école et de la communauté qui les traite comme la peste ! On croirait même que la grossesse est contagieuse. « C’est avec celle-là que tu marches ? Tu veux être enceinte aussi ? tchrou ! ».

Mais là n’est pas le pire ! Dans certains pays comme le Maroc, les filles enceintes et célibataires sont des criminelles qu’on jette en prison. A moins qu’elle prouve qu’elle n’a pas contracté cette grossesse seule. Le comble de l’absurdité !

Ah ! Messieurs et mesdames les juges, pendant que nous y sommes, pensez aux nombreuses filles qui se suicident pour tenter de se dérober de cette injustice morale. Et les plus fragiles physiquement qui n’auront pas cette chance de faire face à vos regards accusateurs. On les appellera défuntes filles-mères.

Ce n’était pas un plaidoyer, c’est une sonnette d’alarme. Ouvrons les yeux et sachons orienter notre lutte. Genre parler aux “enceinteurs“ précoces, “enceinteurs“ convulsifs et autres maniaques.

Qui ne voudrait pas avoir Un ventre plein au bon moment ?

Kpa!

 

2 commentaires

  1. Vraiment kpa, io faut vraiment que les parents s’y mettent et arrêtent de stigmatiser les jeunes filles mères.

  2. C’est ça même! Kpa encore!

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