Santé Sexuelle & reproductive

Parents/Adultes : Aborder la question de sexualité avec enfants et adolescent.e.s.

Entre tabous, ignorance et la crainte de voir nos enfants grandir et s’émanciper de nous ; la question de l’éducation sexuelle pose problèmes dans de nombreux foyers en Côte d’Ivoire. Le tabou comme moyen de protéger les enfants, pour moi, a montré ses limites. Le monde évolue à une telle vitesse que si nous ne nous adaptons pas, nous risquons de faire plus de mal que de bien à celleux que nous pensons protéger en ne disant rien.

On ne transmet que ce qu’on a reçu…

Il y a plusieurs mois, en échangeant avec ma tante (devenue ma mère adoptive), j’ai su que, chez les Niédéboua – le groupe ethnique auquel j’appartiens (centre-ouest de Côte d’Ivoire), ce sont les tantes qui font l’éducation sexuelle des filles. Une éducation qui se faisait surtout après la puberté et au moment de célébrer le mariage. Pas avant ! Dans la tête de mes ancêtres, le sexe était réservé aux épouses dans le cadre du mariage.

  Que peut-on donner quand on n’a pas reçu

J’ai également appris par l’un de mes amis qui a visité le Musée des Costumes de Grand-Bassam, que, chez les Koulango (à l’est de Côte d’Ivoire), il existait des éducatrices appelées « Wolosso ». Ce sont ces femmes, qui ont la charge de transmettre à la jeune fille tout ce qu’il y avait à savoir sur le sexe. Et comme chez mes ancêtres, pas de leçons pour les filles qui ne sont pas sur le point de se marier.

Déduction, l’éducation sexuelle des enfants n’était pas à la charge des parents. Ce n’était pas leur rôle. La socialisation reste étant un processus de transmission, une mère ou un père qui n’a jamais parlé de sexualité avec son père ou sa mère, ne le fera pas forcément avec ses enfants ou des plus jeunes qu’iel a sous sa responsabilité. Et avec toutes les mutations que nos sociétés ont connues, entre la colonisation et les indépendances, le mélange ethnique et l’exode rural ou encore le bras de fer entre tradition et modernisme ; les choses ne se passent plus comme avant. On ne passe plus forcément par la case de l’éducatrice sexuelle avant le mariage. On n’a pas toujours ses tantes à la maison pour nous parler de quoi que ce soit. Les parents, eux, n’ont pas non plus reçu ce savoir-faire, pour enseigner la sexualité à leurs progénitures.

On leur a transmis des tabous, iels ont appris sur le tas. Alors, c’est tout logiquement qu’ils nous passent le témoin chargé de doutes, de tabous et de peur qu’on leur a laissé entre les mains. Allez, débrouillez-vous pour franchir la ligne d’arrivée !

Comprendre la nuance entre Sexualité, Education sexuelle et Pratique sexuelle 

        Mieux vaut prévenir que guérir !

Pour éviter toute confusion, je vais m’en tenir aux définitions conventionnelles et me permettre un petit commentaire. C’est mon blog, je me permets tout !

Sexualité

  • Caractère de ce qui est sexué, ensemble des caractères propres à chaque sexe (appareil génital).
  • Ensemble des comportements relatifs à la satisfaction de l’instinct sexuel. (Ici, l’instinct sexuel peut se comprendre par l’attirance naturelle vers l’autre sexe ou la quête du plaisir sexuel).
  • Le terme sexualité englobe les phénomènes de la reproduction biologique des organismes, les comportements sexuels permettant cette reproduction, et enfin les nombreux phénomènes culturels liés à ces comportements sexuels.
  • La sexualité se définit comme l’ensemble des comportements et mécanismes physiologiques qui participent à la reproduction des espèces. Par extension, chez l’être humain, ce terme regroupe les pratiques et inclinations qui concourent au plaisir charnel.

Education sexuelle

  • L’éducation sexuelle consiste à informer sur la sexualité et à transmettre un certain nombre de valeurs et de recommandations. Elle commence dans l’enfance et se poursuit dans une certaine mesure tout au long de la vie.
  • L’éducation sexuelle complète (ESC) améliore la santé sexuelle et reproductive et permet de réduire les infections sexuellement transmissibles (IST), le VIH et le nombre de grossesses non désirées.
  • Selon l’Unesco l’éducation sexuelle permet aux jeunes en ayant bénéficié de mieux connaître leurs corps et sexualité, d’en être plus responsables et d’avoir des comportements plus autonomes et adaptés à leur santé sexuelle et à leur santé reproductive. Elle contribue à « l’amélioration de leurs capacités d’analyse, de communication et d’autres compétences utiles dans la vie, afin d’assurer la santé et le bien-être en termes de sexualité, de droits de l’homme, de valeurs, de relations saines et respectueuses, de normes culturelles et sociales, d’égalité des sexes, de non-discrimination, de comportement sexuel, de violence et de violence sexuelle, de consentement, d’abus sexuel et de pratiques néfastes ».
  • Qu’elle ait été acquise à l’école et/ou ailleurs, l’éducation sexuelle « n’accroît pas l’activité sexuelle, les comportements sexuels à risque ou les taux d’infection IST/VIH ».

Activité Sexuelle

  • L’Activité Sexuelle est l’ensemble des comportements liés à l’instinct sexuel (synonyme – vie sexuelle).
  • Une activité – c’est la faculté ou le fait d’agir. (des actes coordonnés qui peuvent être physiques, intellectuels ou dans notre cas, sexuels).

Normalement, je n’ai rien d’autre à ajouter. Soit ! Je vous partage ce que ma mère m’a inculqué et qui m’a aidé dans mes choix. « Ce n’est pas tout ce qu’on voit qu’on fait. Ce n’est pas tout ce qu’on sait, qu’on fait. Tout ce qui est à la télé ou dans la bouche des adultes n’est pas forcément bon pour moi, pour ma santé, pour mon épanouissement. ».

On n’attend pas des parents qu’ils se substituent en sexologues…

C’est déjà très éprouvant d’être parents, on ne va pas encore demander aux parents d’être des sexologues pour assurer l’éducation sexuelle de leurs enfants. Allons sur un exemple assez commun : un enfant malade dont les parents ne sont pas des professionnels de la santé. Quand votre enfant a un bobo, vous le rassurer, vous le soutenez, vous l’emmenez chez le médecin. Une fois chez le praticien, vous lui tenez la main. De retour à la maison, vous vous assurez de lui administrer son traitement et veillez à ce qu’il se porte mieux et retrouve la forme.

Autre exemple, pendant la scolarité de votre enfant, vous ne vous substituez pas en institutrice ou professeure. Ma mère avait un niveau scolaire 4e. Elle avait ses méthodes pour s’assurer que nous faisions nos devoirs et étions de bons élèves. Se lier d’amitié avec nos enseignants et encadreurs, discuter de certaines leçons avec nous. D’une façon ou d’une autre, elle montrait son intérêt et son implication dans notre scolarité et d’autre épanouissement intellectuel.

Pour ce qui est de l’éducation sexuelle des enfants et adolescent.e.s, il faut adopter la même démarche. C’est vrai qu’un parent psychologue, sexologue ou expert des questions sur la sexualité pourra aisément s’appuyer sur son expertise pour aborder ces questions. Ce qui ne sera pas le cas pour les autres parents. Surtout, si eux-mêmes n’ont pas reçu d’éducation sexuelle.

  L’éducation sexuelle est avant tout un droit.

Vous pouvez vous exercer avec ceci :

  • Commencez par ne pas déverser votre angoisse et vos peurs sur votre enfant. Il/elle n’en est pas responsable.
  • Rassurez votre enfant. C’est déjà difficile de passer de l’enfance à la puberté pour le/la laisser seul.e face à tous ces changements.
  • Tenez-leur la main et emmenez-les chez des professionnelles de la santé sexuelle et reproductive. Sage-femme, gynécologue, sexologue, atelier ou groupe de parole sur la santé sexuelle.
  • Communiquez avec votre enfant en partageant avec lui/elle votre expérience et en écoutant son expérience sans jugement ni dédain.
  • Si vous n’avez pas de réponse à une question, faites-lui savoir. En ajoutant que vous chercherez la réponse ou que vous en discuterez plus tard. Puis, faites ce que vous avez dit.
  • Gardez à l’esprit que, si votre enfant vous pose une question sur la sexualité, c’est parce qu’il/elle a une idée de la réponse et veut la confronter à votre réponse. Trouvez les mots adaptés à son âge pour lui expliquer les choses, mais de grâce, ne lui mentez pas. N’inventez pas d’histoire tirée par les cheveux !
  • Vous pouvez aussi, avant de donner votre réponse, demandez à votre enfant de vous dire ce qu’il/elle sait sur la question ? C’est encore plus intéressant, de se sentir important.e et utile en tant qu’enfant (adolescent.e). La satisfaction qu’on contribue à l’instruction d’un adulte ou simplement à l’enrichir. Ça renforce la confiance en soi !
  • Ce n’est pas parce qu’on est votre enfant qu’on ne sait rien de la vie et surtout de notre vie !
  • N’ayez pas peur de dire à votre enfant ce que vous auriez aimé qu’on vous dise à son âge. L’enfant a besoin de savoir qu’un adulte n’est pas un super être humain qui n’a aucun défaut, qui sait tout, et à qui on ne peut rien apprendre.
  • S’il vous plaît n’essayez pas de faire croire aux adolescent.e.s que le sexe est mauvais, qu’il n’y a rien de bon à en tirer, que ça va les déconcentrer et les détourner de leurs objectifs de vie. Le gros risque c’est qu’iels aient une expérience jouissive avec le sexe et vous considèrent comme des menteurs ou des parents jaloux, qui veulent compromettre leur bonheur.
  • Cherchez de l’aide avec des professionnelles ou experts des questions de la sexualité et n’hésitez pas à poser vos questions. Partagez vos inquiétudes pour avoir des astuces et réponses constructives.
  • L’important, c’est le bien-être de votre enfant et votre relation de confiance.

Bien entendu, tout ceci est plus facile à dire qu’à faire. Au détour d’une conversation, ma petite sœur de 20 ans me pose la question suivant : « à quoi sert le clitoris ? ». Moi, bloggeuse sexuelle, qui voue un culte au clitoris, j’ai fait un bug. Comment expliquer à ma sœur – qui n’est pas sexuellement active, « la fonction du clitoris ». Elle m’avait posé cette question et attendait une réponse claire. Elle me fixait du regard, comme on attend d’être abreuvé de connaissance. Fonction du clitoris, définition du plaisir sexuel, importance du plaisir sexuel chez la femme – c’était compris dans la question donc j’ai dû répondre à tout ça !

Education sexuelle en famille : le guide des parents

Amen !

Attention!!! 

On ne peut rien cacher à un enfant qui sait lire. Qui sort de la maison. Qui a des amis ou toute autre forme d’interaction avec le monde extérieur. L’enfant finira par trouver ce que vous croyez pouvoir cacher. Bref !

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